Comptes à terme : pourquoi les banques ne les proposent-elles pas ?

Depuis le début de l’année 2023, la majorité des grandes banques françaises ont réduit, voire cessé, la commercialisation de comptes à terme pour les particuliers. Les offres, autrefois courantes, se font désormais rares dans les catalogues bancaires accessibles au grand public.Alors que les taux d’intérêt remontent, ce retrait contraste avec la demande croissante de placements sécurisés. Une dynamique inattendue s’installe entre l’appétit pour la sécurité et la stratégie commerciale des établissements bancaires.

Comptes à terme : comprendre un produit d’épargne souvent méconnu

Le compte à terme, ou CAT, reste l’un des parents discrets du paysage de l’épargne, rarement mis en avant, souvent relégué derrière les livrets classiques. Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes : début 2023, selon la Banque de France, l’encours détenu sur les comptes à terme a grimpé de 42 % en seulement six mois. Comment ça marche ? On immobilise une somme, à un taux connu dès la signature, pour la durée convenue avec la banque,de quelques mois à cinq ans, rarement plus. Tout est fixé noir sur blanc : somme, durée, taux, pénalités éventuelles si l’on devait écourter la route.

En pratique, ce type de placement se décline sous plusieurs formes, dont voici les principales :

  • L’intérêt peut être fixe, progressif ou variable, parfois adossé à l’Euribor.
  • Particuliers, entreprises, associations : tous peuvent se tourner vers cette solution pour placer une trésorerie disponible.
  • La Belgique offre un cas d’école : rien qu’en 2024, les dépôts sur comptes à terme y ont bondi de 145 %, selon la Banque nationale belge.

Le capital investi, dans chaque établissement, est protégé jusqu’à 100 000 € par le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution (FGDR). Pour l’épargnant, c’est un filet de sécurité rassurant. Les intérêts gagnés, eux, sont soumis à la fiscalité classique, un prélèvement global de 30 % (impôts et prélèvements sociaux inclus).

Prédictibilité, sécurité, taux souvent plus généreux que ceux des livrets réglementés : ce sont les atouts du compte à terme. Accepter que l’argent soit bloqué fait partie du jeu. Un retrait prématuré ? Les intérêts fondent, et parfois s’envolent. Ce placement séduit ceux qui ont évacué les plafonds du Livret A ou du LDDS : ils veulent sécuriser sans partir à l’aventure.

Pourquoi les banques sont-elles de plus en plus discrètes sur les comptes à terme ?

Il n’y a pas si longtemps, ouvrir un compte à terme se proposait spontanément en agence. Aujourd’hui, la plupart des banques gardent cette offre sous le comptoir, préférant afficher livrets, assurance vie ou produits de crédit. Derrière ce choix, une question de contexte : avec le pilotage serré des taux par la BCE et la vigueur des livrets réglementés, les marges sur les CAT ont fondu.

En collectant via un compte à terme, la banque s’engage à rémunérer des fonds figés, parfois sur plusieurs années, alors que ses propres besoins de liquidité changent au fil des taux interbancaires. Dès que l’écart entre taux longs et taux courts se réduit, l’appétit bancaire pour les CAT fond à vue d’œil.

Plusieurs facteurs se conjuguent pour expliquer ce retrait discret :

  • Les règles de transparence imposées (notamment sur les taux progressifs ou variables) rendent la gestion contractuelle plus exigeante.
  • Les pénalités de sortie anticipée compliquent le message commercial : difficile de convaincre quand l’épargnant risque de tout perdre en cas de besoin soudain.
  • Les marges bénéficiaires restent faibles, surtout lorsque le contexte de taux ne s’y prête pas.

Le résultat est frappant : sans question explicite, peu de conseillers abordent le sujet des comptes à terme. Il faut la plupart du temps insister, réclamer, demander une simulation personnalisée. Pourtant, à l’écart du grand public, certains comparateurs spécialisés et fintechs répertorient encore les rares offres qui tiennent la route. En 2024, peu de banques mettent vraiment en avant ce compartiment pourtant sécurisé.

Fonctionnement, avantages et limites : ce qu’il faut savoir avant d’investir

Sur le papier, rien de plus clair : on dépose une somme, pour une période précise, et le taux ne bouge plus (sauf exception explicitement prévue). Les durées vont de 1 mois à 5 ans selon les banques. La somme minimale exigée peut aller de 500 à 7 500 euros. Le taux d’intérêt ? Il évolue selon la formule : fixe, progressif ou variable, selon la politique de chaque établissement.

Le socle, c’est la garantie FGDR sur 100 000 € par établissement, pensée pour rassurer les plus prudents. Les intérêts, eux, sont versés au fil de l’eau (mensuel, trimestriel…), ou attendent l’échéance finale, selon les contrats.

Fiscalement, le CAT reste simple : 30 % de prélèvement forfaitaire unique (PFU), mêlant l’impôt sur le revenu et les prélèvements sociaux. On est loin de la souplesse d’un livret A : dès qu’un besoin d’argent surgit avant la date, les intérêts fondent, parfois jusqu’au dernier centime. Mieux vaut donc accepter ce verrou temporel, ou se tourner vers d’autres solutions.

Le compte à terme attire surtout quand on a déjà fait le plein des livrets défiscalisés. Les entreprises et associations s’en servent aussi pour placer de la trésorerie, sur du court ou moyen terme. Son principal avantage : des taux souvent plus élevés, en contrepartie de cette contrainte du blocage.

Jeune femme regardant une liste de produits financiers

Investir dans un compte à terme en 2025 : les perspectives à envisager

En 2025, la mécanique reste la même : les taux proposés sur les CAT collent de près aux orientations de la Banque centrale européenne. Après le pic enregistré en 2024, le marché s’installe, et les nouveaux comptes à terme proposent désormais des rendements compris entre 1,7 % et 2,75 %. C’est moins alléchant que par le passé, mais la garantie du capital attire encore, chez les institutionnels comme chez les particuliers peu friands de prise de risque.

L’impact de l’inflation ne peut être ignoré. Un taux de 2 % sur 12 ou 24 mois semble modeste, mais la stabilité proposée devient, pour certains, un gage de tranquillité dans le chaos ambiant des marchés. Beaucoup d’entreprises continuent d’y placer leurs excédents, tandis que seules quelques rares banques affichent de vrais comptes à terme ouverts aux particuliers.

Avant de choisir ce produit, mieux vaut prendre la mesure des caractéristiques suivantes :

  • Les sommes déposées restent bloquées, pour une durée définie dès la signature, de quelques mois à plusieurs années, sans possibilité de souplesse.
  • Selon les offres, le taux peut être fixé, progresser au fil du temps ou s’indexer sur un référentiel, avec le niveau de prévisibilité adapté à sa stratégie.
  • Difficile de protéger réellement son pouvoir d’achat si l’inflation s’installe : le rendement réel peut vite s’effacer, même face à un taux affiché honorable.

En 2025, le compte à terme garde des adeptes convaincus, prêts à verrouiller leur épargne pour obtenir un rendement cadré. Mais la compétition monte avec les livrets et les placements obligataires, tandis que les marges bancaires se réduisent. Choisir d’y placer son argent, c’est arbitrer entre la liberté de disposer à tout moment de ses fonds et le confort d’un taux connu : les lignes de l’épargne continuent de bouger. Reste à décider quel compromis, sécurité ou souplesse, dessinera le visage de votre patrimoine demain.